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Partie III : Le burn-out familial ou maternel

Remarque : Cet article parle davantage des mères, mais il va de soi qu’un père investi dans l’éducation de ses enfants et les tâches ménagères est tout autant concerné par le burn-out parental.

Existe-t-il un burn-out parental ?

Alors que l’on parle de plus en plus de burn-out professionnel, il existe une profession que l’on oublie souvent. Pourtant, celle-ci est particulièrement épuisante, le plus souvent répétitive tout en demandant du sens de l’improvisation et un grand investissement émotionnel. Une profession sans salaire ni vacances, avec impossibilité de démissionner… Cette profession non reconnue est celle de parent.

Les causes du burn-out parental 

Être parent est devenu plus difficile avec l’avènement de la famille nucléaire et, paradoxalement, l’évolution des mœurs pourrait avoir contribué à passer sous silence certains aspects de la parentalité. En effet, avoir un enfant est, de nos jours, non plus présenté comme un devoir ou une nécessité mais comme une source d’épanouissement personnel. Selon la psychologue Maryse Vaillant (2011), la crise économique aurait contribué à un certain désinvestissement des femmes du monde professionnel ; la working girl ne ferait plus rêver et la maternité serait « le seul domaine dans lequel les femmes peuvent encore s’accomplir pleinement ».  
 
Or, une mère se doit d’être parfaite, ne jamais éprouver la moindre colère, frustration, lassitude ou épuisement. Elle doit être capable de répondre à tous les besoins de ses enfants. En cause, les dictats de la société mais aussi des tendances personnelles comme le perfectionnisme, la volonté de faire plaisir à tout le monde ou le manque d’affirmation de soi. Parfois même, il y a le désir, conscient ou inconscient, de réparer ses propres blessures de l’enfance en devenant la mère idéale qu’on aurait souhaité pour soi.  
 
Souvent, la mère se charge de la plupart des tâches ménagères : courses, repas, lessive, nettoyage de la maison, décoration d’intérieur, soins aux enfants, prise de rendez-vous chez le médecin, devoirs scolaires, planification des activités de la famille, organisation des vacances et festivités… Cette fatigue est accrue lorsque la famille compte plusieurs enfants en bas âge, lorsque l’un des enfants est malade, hyperactif ou en difficulté scolaire.

Les phases du burn-out parental

La fatigue s’installe progressivement. Pour la mères épuisée, le sommeil n’est plus réparateur ; elle se réveille fatiguée, le sentiment d’être vidée. L’épuisement physique s’accompagne d’un épuisement émotionnel : elle devient irritable, répond avec impatience aux enfants, crie parfois et les relations entre les membres de la famille se détériorent. 
 
Dans une deuxième phase, la mère prend ses distances ; elle affiche indifférence et détachement. Il s’agit d’un mécanisme de défense contre les situations de stress qui pourraient l’affecter émotionnellement. Elle tend à éviter les regards et tentatives de communication de son enfant. En même temps elle culpabilise de la situation, elle perd sa confiance en ses capacités et l’estime de soi est au plus bas. Elle a le sentiment d’avoir échoué en tant que mère, elle se dévalorise ; c’est le troisième volet du burn-out (voir Partie I du dossier).  
 
La dépression est l’une des conséquences les plus fréquentes du burn-out parental.

Les conséquences du burn-out parental sur les enfants 

Le burn-out maternel ou parental a également des effets dévastateurs sur l’enfant. Lorsque la mère devient agressive ou distante, celui-ci peut se renfermer, perdre son estime de soi, sa confiance en soi. L’impact sur les résultats scolaires est alors fréquent. Certains enfants répondent à l’hostilité de la mère par un refus d’obéir. Dans ce dernier cas, la mère peut laisser exploser sa colère, parfois même devenir violente.

Le burn-out familial peut toucher toutes les mères

Certaines sont plus susceptibles de développer un burn-out, telles les mères célibataires et mères de famille nombreuse. Cependant, le phénomène touche potentiellement toutes les mères, indépendamment de leur situation familiale, professionnelle ou économique.

Concilier vie professionnelle et familiale

Actuellement, plus de 75% des femmes de 25 à 49 ans – donc en âge d’avoir des enfants à charge – travaillent en Belgique. Celles-ci dépensent beaucoup d'énergie à concilier leurs obligations familiales et professionnelles. Bien souvent, le résultat obtenu est insatisfaisant à leurs yeux.

Le burn-out de la femme au foyer

La femme au foyer, quant à elle, ne bénéficie pas d’une définition claire de son travail ni d’une distinction nette entre travail et vie familiale. Ses activités sont peu reconnues par son conjoint et par la société en général (être mère au foyer c’est « ne rien faire », « ne pas travailler) ; pourtant, celles-ci lui demandent beaucoup d'investissement émotionnel. La femme au foyer souffre souvent d'un manque de reconnaissance, d'une impression d'être transparente et insignifiante. Elle peut aussi se sentir coupée du monde, avoir une vie sociale restreinte et mal tolérer sa solitude.

La femme au foyer a encore plus de mal à faire reconnaître qu’elle est en burn-out et ne se sent pas le droit de se plaindre.

Que faire si vous souffrez de burn-out maternel ?

Abandonner le mythe de la mère idéale

La « mère suffisamment bonne » selon Winnicott (1956) est celle qui, justement, n’est pas parfaite. Une « trop bonne mère » qui anticiperait tous les besoins de ses enfants, répondrait à tous leurs désirs serait, paradoxalement, une mauvaise mère. La vie est, en effet, faite de difficultés, d’échecs, de frustrations, de déceptions auxquels il importe de préparer son enfant. Les défauts et les imperfections sont donc précisément ce qui fait une bonne mère.  
 
Pour aider les mères à prendre pleinement conscience de leur valeur, Violaine Guéritault leur suggère d’établir une liste de toutes ces choses formidables qu’elles accomplissent au quotidien et qui le plus souvent passent inaperçues.

Apprendre à déléguer

Dans la lignée de ce premier point, accepter que l’on ne puisse pas tout accomplir soi-même. Comme dans le cas d’un burn-out professionnel, il faut apprendre à déléguer, à partager les tâches avec son conjoint, instaurer une véritable co-parentalité et, pourquoi pas, demander aux enfants de participer à certaines tâches ménagères.

Prendre du temps pour soi

Prendre du temps pour soi lorsqu’on est parent peut parfois sembler mission impossible. Une astuce: notez le dans votre agenda et traitez-le comme un rendez-vous important ! Notez ce temps que vous prenez pour prendre une pause, pour une occupation que vous appréciez…  

Apprenez aussi quelques techniques de relaxation ou de méditation. Prenez aussi le temps de faire une promenade, trouvez un hobby, un sport qui vous permettra de décompresser. N’hésitez pas à proposer à votre conjoint de vous accompagner dans vos nouvelles activités : le couple, souvent négligé lorsqu’on est parent, a parfois besoin d’être réinvesti.  

Et surtout, prenez du temps pour vos loisirs, pour les activités que vous appréciez réellement. Osez être « égoïste » quelques fois et profitez-en sans culpabiliser !

Demander de l'aide

Lorsque l’on ressent des symptômes d’épuisement, il est essentiel d’en parler autour de soi, à sa famille, à ses amis. Certains seront tout à fait disposés de garder les enfants une soirée, voire un week-end, pour vous permettre de décompresser. Parler avec d’autres mères peut également permettre de prendre conscience qu’on est loin d’être la seule dans cette situation.  
 
Il peut être utile d’en parler à son médecin traitant car la fatigue peut également être liée à des carences. Enfin, n’hésitez pas à consulter un psychologue et à entamer une psychothérapie si le besoin s’en fait sentir. S’autoriser à verbaliser les pensées négatives, souvent culpabilisantes, que l’on a envers son enfant et la vie de famille peut être salvateur. L’hypnose thérapeutique ou la sophrologie peuvent également aider à gérer stress et anxiété. Une thérapie familiale, enfin, permet souvent d’y voir plus clair, de rétablir la communication et faire prendre conscience de l’épuisement de l’un aux autres membres de la famille.
Tout le dossier burn-out...
Bibliographie
- ALLENOU, Stéphanie (2011), Mère épuisée, Paris, LLL.  
- BALLONAD-ROLAND, Diane, « Le burn-out maternel, quelques pistes pour s’en sortir », in Blog Zen et Organisée. En ligne : < http://www.zen-et-organisee.com/article-burn-out-maternel-quelques-pistes-pour-s-en-sortir-118470573.html>, consulté le 8 mars 2016.  
- GUERITAULT, Violaine (2004), La fatigue émotionnelle des mères : Le burn-out maternel, Paris, Odile Jacob.  
- HOOGSTEIN, Gaëlle, « Le burn-out maternel, oui, ça existe ! », in Le Ligueur. En ligne : <https://www.laligue.be/leligueur/articles/le-burn-out-maternel-oui-ca-existe-!#>, consulté le 10 mars 2016.  
 - VAILLANT, Maryse (2011), Être mère : mission impossible ?, Paris, Albin Michel.  
- WINNICOTT, Donald (1956/2006), La mère suffisamment bonne, Paris, Rivages.
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