La réappropriation de son image – une image de soi intégrant le handicap – est la condition idéale pour commencer la rééducation. La prise de conscience et l’acceptation amènent à un niveau d’équilibre psychique qui permet au sujet d’investir l’énergie vers l’extérieur et donc de prendre une part active à la rééducation.
Celle-ci s’effectue en institution. Cette institution qui se centre sur le corps, qui materne, déshabille, entre dans l’intimité peut être vécue très différemment selon les individus. Elle peut réactiver toute une série d’affect en renvoyant à la dépendance d’avant la marche, à l’apprentissage de la marche, à l’apprentissage du contrôle des sphincters et, d’un point de vue psychanalytique, à la sexualité infantile.
Parfois, la rééducation pose problème… Certains patients se comparent à l’être qu’ils étaient et la confrontation au chemin qu’il reste à parcourir leur semble impossible. Ceux-là démissionnent psychologiquement et subissent leur rééducation. Parfois même, l’on assiste à une régression. La suite du traitement est alors compromise. D’autres constatent l’étendue de leurs progrès et en déduisent qu’ils ne peuvent garder leur statut de patient ; ils refusent la poursuite des traitements et pensent pouvoir retrouver leur place antérieure au traumatisme. Enfin, certains patients développent une trop grande dépendance à l’institution qui représente pour eux la sécurité. Comme on le voit, un travail psychothérapeutique en profondeur est parfois nécessaire. Cependant, le rôle du psychiatre ou psychologue est d’autant plus complexe que bien souvent, le patient qui pose problème en rééducation est aussi celui qui n’a pas fait la demande d’un suivi psychologique.
Dans tous les cas, le patient est dans un vécu par rapport à lui-même et à ceux qui l’encadrent. Il vit pendant son séjour bien d’autres choses que la réparation de son corps abîmé ; il a des sentiments, il est en relation. Il en va de même pour l’équipe soignante dont le rôle dépasse de loin la simple rééducation physique. Les membres de l’équipe de réadaptation ont eux aussi une personnalité et un vécu qui interagissent avec ceux du patient.
Généralement, l’équipe de réadaptation prend en charge, aide et stimule suffisamment pour que la personne qui marche mal ou ne marche plus puisse prendre part activement à la rééducation, malgré les difficultés psychologiques qu’elle traverse. Cette période de réadaptation est alors une sorte de mise à l’arrêt pouvant parfois être l’occasion de « marcher mieux dans sa tête ». Enfin, nombreux sont les cas de patients prenant plaisir à constater les progrès qui, chaque jour, les amènent à plus d’autonomie.