Lien de parenté | Lien de non parenté |
Gènes en commun |
Absence de gènes en commun |
Inconditionnel | Conditionnel |
Indestructible | Destructible |
Involontaire | Volontaire |
Entre chaque parent et les enfants, le lien est de parenté et suit donc la logique de la sélection de parentèle. Ici la priorité est donnée aux gènes que l’on a en commun, à leur survie et à leur continuité. Les parents apportent ce qu’il est nécessaire au bien-être et développement de leurs enfants. Ils le font sans attendre un retour direct. L’important ici est que la continuité des gènes soit assurée. Dans notre société, les stratégies peuvent varier d’une culture à l’autre ou d’une famille à l’autre. Certains parents miseront sur les études et l’obtention d’une bonne situation, d’autres sur l’épanouissement personnel, d’autres encore sur l’adaptation et la débrouillardise de leur progéniture. Il n’y a pas de meilleure solution, cela dépend de ce que l’avenir leur réservera.
Le principe est cependant le même, permettre à ses enfants d’atteindre l’âge adulte avec la capacité de devenir autonome et de pouvoir à leur tour se reproduire.
Entre les parents qui n’ont pas de lien de parenté, la logique est différente et se base sur l’altruisme réciproque. Comme son nom l’indique, la réciprocité est à la base de cette relation. Elle doit donc être alimentée et entretenue de la part des deux protagonistes. Sans cela, l’un des deux ou les deux se retrouveront dans un schéma d’attente de retours de la part de l’autre, ce qui entrainera déceptions, frustrations, tensions, …
Actuellement, le « tout à l’enfant », « l’enfant-roi », n’est pas l’idéal pour le couple. Les parents en investissant tout dans leurs enfants n’entretiennent plus assez leur relation de couple. Cette situation pourrait expliquer, en partie, le grand nombre de divorces actuels, le couple étant désinvesti au profit des enfants.
Les parents qui forment le couple recomposé désirent souvent, adopter un comportement juste et égalitaire envers « leurs » enfants. Souvent, un parent ne comprend pas que malgré qu’il s’évertue à être le plus « juste » possible envers les enfants, il rencontre des problèmes. Si l’on se place du point de vue de l’enfant, et c’est ce qui est souvent rapporté en consultation, il n’y a aucune raison que leur parent s’occupe autant d’un enfant qui n’est pas le leur que d’eux même. Pour eux, c’est injuste ! Les adultes dans ce cas doivent adapter leur relation en fonction du lien de parenté ou de non parenté. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent faire de grandes différences entre les enfants, mais bien qu’ils doivent adopter différentes approches en fonction de la nature du lien qu’ils entretiennent avec chacun des enfants.
L’enfant ayant déjà ses deux parents, n’accepte bien souvent pas que le beau-parent prenne la place d’un de ceux-ci. Entre le beau-parent et l’enfant, il ne s’agit pas d’une relation de parenté avec ses caractéristiques propres, mais bien d’une relation de non parenté fonctionnant dans la logique de l’altruisme réciproque. C’est là que réside toute la difficulté de ce type de relation, en particulier quand elle concerne un adulte et un enfant. Si entre adultes ce type de relation est courant avec des non apparentés, amis, connaissances, collègues,…, c’est rarement le cas entre adultes et enfants. C’est d’autant plus vrai dans le cadre familial où la relation la plus fréquente est celle de parent à enfant qui suit la logique de la sélection de parentèle.
On constate ainsi qu’une bonne relation entre beaux-parents et beaux-enfants ne dépend pas seulement des adultes, mais aussi du retour que peuvent donner les enfants. Un beau-parent qui fait de son mieux pour établir une bonne et saine relation avec ses beaux-enfants ne sera pas le seul responsable en cas d’échec si ces derniers ne donnent aucun retour. De quoi déculpabiliser les beaux-parents qui bien souvent endossent seuls la responsabilité d’une mauvaise relation avec leurs beaux-enfants.
Vouloir recomposer une fratrie avec les enfants n’est pas la meilleure idée qui soit. Dans l’exemple cité, les enfants ont chacun une vision différente de leur fratrie. Beaucoup de professionnels s’occupant de ces familles dites recomposées constatent que ce que l’on appelle le(a) demi-frère/soeur n’existent pas pour les enfants. On est ou pas frère/soeur. Pour cela, il ne faut pas nécessairement avoir les deux parents en commun, un seul suffit. Cette position rentre tout à fait dans le cadre de notre approche. En effet, il existe ou non un lien de parenté, il n’y a pas de demi-mesure.
Entre les enfants de cette fratrie, la même logique entre en vigueur. La sélection de parentèle régira les liens entre enfants ayant un lien de parenté, quel que soit celui-ci et une logique d’altruisme réciproque gèrera les relations entre les enfants n’ayant aucun lien de parenté.