L’orgasme féminin consiste en une décharge physiologique accompagnée d’une sensation de plaisir intense. On l'identifie à une série de spasmes réflexes de la décharge orgastique, soit une répétition de contractions du plancher pelvien, variant de 3-4 à 12-15 selon la personne et l'intensité de l'orgasme. L'aspect psychologique a un grand rôle à jouer dans l'aptitude à obtenir un orgasme.
Femme multiorgasmique et femme fontaine
Une femme est dite multiorgasmique ou pluriorgasmique si la reprise de la stimulation lui permet d'obtenir assez rapidement un nouvel orgasme. Cependant peu de femmes (10-20%) parviennent à avoir plusieurs orgasmes lors d'un rapport sexuel ou lors de la masturbation. La femme multiorgasmique a généralement 3 ou 4 orgasmes consécutifs, parfois davantage.
La "femme fontaine" quant à elle obtient une sorte d'éjaculation lors de l'orgasme, que l'on appelle "éjaculation féminine" ou "expulsion orgasmique". Entre 10% et 40% des femmes seraient concernées. L’analyse du liquide a révélé qu'il s'agissait d'urée très diluée, ce qui explique qu'il est clair et inodore. On y a également trouvé en faible quantité l’éjaculat issu des glandes de Skene (équivalent de la prostate).
On a longtemps opéré une distinction entre l'orgasme clitoridien et l'orgasme vaginal, le premier étant dénigré (jugé immature et de moindre intensité) au profit du second (celui de la femme adulte, plus intense). Il s'agit pourtant d'une fausse oposition ; tout tendrait à démontrer qu'il n'y aurait qu'un seul et même orgasme et que celui-ci pourrait être déclenché soit par stimulation externe (la partie émergée du clitoris) ou par stimulation interne ou vaginale (les "racines" immergées du clitoris).
En effet, le clitoris est un organe interne de 8 à 12 cm qui, comme le pénis, comprend des corps érectiles entourant le vagin. Lorsqu'il y a excitation sexuelle, ces corps érectiles se gorgent de sang et gonflent, enserrant le vagin. Ce n'est donc pas le vagin en lui-même qui est stimulé (celui-ci est très peu innervé) mais la partie interne du clitoris, via le vagin.
Selon les statistiques, plus de 90% des femmes ont fait l'expérience de l’orgasme par stimulation du clitoris. Celui-ci est généralement découvert à l'adolescence, lors de la masturbation. On estime qu'entre 30 et 44% des femmes sont capables d'éprouver un orgasme par stimulation vaginale, à savoir par un mouvement de va-et-vient dans le vagin, que ce soit par le pénis, un sextoy ou par pénétration digitale. C'est généralement le premier tiers antérieur du vagin qui est le plus réceptif à la stimulation : c'est ce que certains appellent le "point G". La capacité à avoir un orgasme par cette voie est souvent découverte des années après le premier rapport ; c'est pourquoi très peu de femmes de moins de 30 ans en ont fait l'expérience.
Frigidité, anorgasmie, anhédonie ou trouble du désir?
Les termes frigide et frigidité sont issus du langage courant et peuvent revêtir différentes significations. L'expression "femme frigide" va parfois signifier une femme ayant peu ou pas de plaisir sexuel, une femme ayant du plaisir mais pas d'orgasme, voire même une femme ayant peu ou pas de libido, autrement dit un désir sexuel hypoactif. Trop souvent est qualifiée de frigide une femme n'atteignant pas l'orgasme durant la pénétration, alors que l'orgasme provoqué uniquement par le va-et-vient du pénis concerne une minorité de femmes.
En raison de cette imprécision et de sa connotation péjorative, les médecins et sexologues évitent d'utiliser des termes comme "frigidité" ou "femme frigide" pour leur préférer des termes plus scientifiques comme "anorgasmie" (féminine ou masculine) et "anorgasmique". Certains auteurs continuent cependant à utiliser le terme frigidité, mais uniquement dans le sens "anhédonie", soit absence totale de plaisir sexuel.
En effet, l'anorgasmie est caractérisée par l'impossibilité d'atteindre l'orgasme (l'apogée du plaisir sexuel) lors des activités sexuelles, malgré un désir sexuel et une excitation satisfaisante. La femme anorgasmique peut donc avoir du désir, ressentir de l'excitation et du plaisir lors des activités sexuelles, tandis que la femme anhédonique ne ressent ni excitation ni plaisir.
Plusieurs distinctions sont opérées par les sexologues.
On différencie d'abord l'anorgasmie primaire (lorsque la femme n'a jamais eu d'orgasme) et l'anorgasmie secondaire ou acquise (lorsque la femme n'a plus d'orgasme mais en a eu par le passé).
On distingue également l'anorgasmie totale, où la femme n'a pas d'orgasme, ni lors de la masturbation ni lors des rapports sexuels et l'anorgasmie coïtale, où les mouvements du pénis dans le vagin ne suffisent pas à provoquer l'orgasme. Certains parlent aussi d'anorgasmie clitoridienne et d'anorgasmie vaginale, par opposition avec l'anorgasmie totale.
Enfin l'anorgasmie peut être systématique (générale) ou situationnelle, c'est-à-dire survenir dans certaines circonstances ou avec certains partenaires.
Fréquence de l'anorgasmie féminine
La fréquence de l'anorgasmie dépend fortement du type d'anorgasmie dont on parle. L'anorgasmie vaginale ou purement coïtale concernerait environ 60 à 70% des femmes et ne peut donc pas être qualifiée de pathologique, tandis que la fréquence de l'anorgasmie primaire et totale est estimée à 5-10%.
Un peu moins de la moitié des femmes a le plus souvent un orgasme lors des relations sexuelles si l'on tient compte des différents types de stimulation (pénétration cunilingus, masturbation...) et environ 30% le ressentent (presque) toujours contre environ 90% des hommes. À l'inverse 15 à 30% des femmes ne ressentent (presque) jamais d'orgasme lors des activités sexuelles avec partenaire, bien que certaines soient capables d'obtenir un orgasme par masturbation.
Et l'anorgasmie masculine ? (voir : anéjaculation et éjaculation tardive)
Beaucoup plus rare, l'anorgasmie masculine consisterait en une incapacité à éjaculer ou plus exceptionnellement en une éjaculation sans orgasme. L'anorgasmie totale chez l'homme a souvent une origine physiologique ; c'est notamment une conséquence possible et fréquente d'une prostatectomie. Il existe aussi une forme mineure d'anorgasmie masculine : l'éjaculation tardive.
Selon des enquêtes, 8 à 18% des hommes éprouveraient régulièrement une difficulté à obtenir un orgasme lors des activités sexuelles.
Les causes possibles de l'anorgasmie
L'orgasme nécessite une capacité à se laisser aller et à mettre de côté les pensées rationnelles : c'est ce qu'on appelle le lâcher-prise. Le lâcher-prise nécessite que l'acte se fasse dans de bonnes conditions.
En cas de difficulté à atteindre l'orgasme, il convient tout d'abord, d'éliminer de possibles causes physiologiques de l'anorgasmie : accouchement sans rééducation du périnée, certains médicaments (antidépresseurs...), douleurs, neuropathie, diabète...
Parmi les causes psychologiques les plus fréquentes, nous pouvons citer une éducation rigide sur le plan de la sexualité résultant en de la culpabilité ou une mauvaise connaissance de son corps, un besoin exagéré de contrôle, un abus sexuel (y compris une expérience précoce non souhaitée), une mauvaise image corporelle... Une dépression peut également en être la cause. Enfin, des mécanismes inconscients sont parfois en oeuvre, comme une peur de perdre son identité dans la fusion sexuelle, une peur de devenir dépendante ou de se retrouver en position d'objet sexuel.
Un mauvais apprentissage peut en être la cause. La découverte du corps et son érotisation se met le plus souvent en place à l'adolescence, notamment avec la masturbation. Les femmes n'ayant pas pratiqué la masturbation avant leur première relation sexuelle auront rarement un orgasme les premières fois et cet apprentissage pourra leur prendre plusieurs mois. Enfin, certains types de masturbation (jambes serrées, plancher pelvien contracté, frottements vigoureux...) ne sont pas propices au développement de l'orgasme coïtal (dit "orgasme vaginal").
Un problème relationnel (conflits, infidélité...) peut se traduire par un trouble sexuel. Le couple doit donc être questionné, en particulier en présence d'une anorgasmie secondaire ou situationnelle. Enfin, l'anorgasmie peut être liée à l'éjaculation prématurée du partenaire.
Des facteurs sociaux entrent également en considération comme le contexte culturel et religieux, ou le niveau d'éducation.
Comment traiter l'anorgasmie?
Le type traitement dépend de la cause. Un problème physique au niveau du périnée peut être traité par une rééducation du plancher pelvien chez un kinésithérapeute. Lorsque l'anorgasmie est consécutive à une dépression, celle-ci doit être traitée en premier lieu par un psychiatre. En d'autres termes, lorsque la cause n'est pas d'ordre psycho-sexologique, le sexologue, sexothérapeute ou psychothérapeute spécialisé en sexologie vous dirigera vers la personne compétente.
Dans certains cas, une thérapie cognitivo-comportementale est proposée par le sexologue ou sexothérapeute : il s'agit principalement d'éducation à la sexualité et d'apprentissage par des exercices. Cette thérapie, de court ou moyen terme, est particulièrement indiquée dans les cas d'anorgasmie dont la cause est superficielle.
Si la cause est plus profonde (problème d'estime de soi, abus sexuel...) une psychothérapie ou sexothérapie de type analytique à plus long terme est envisageable. Celle-ci peut se faire par un sexologue, un psychologue, psychanalyste ou psychothérapeute spécialisé dans le domaine.
Enfin, une technique comme l'hypnose peut également être un complément efficace à une sexothérapie cognitivo-comportementale ou analytique.
Dans tous les cas, la sexothérapie peut être suivie seul(e) ou en couple. La présence du ou de la partenaire et son implication dans la thérapie est un facteur favorisant la résolution du problème.
Si l'orgasme est naturel, il nécessite un apprentissage, une connaissance de son corps et de ses réactions, un état psychologique positif, une capacité à se laisser aller et à lâcher prise, une image positive de soi et de son corps, ainsi qu'une bonne relation avec le ou la partenaire et une certaine compatibilité au niveau des pratiques et des fantasmes sexuels.
Rappelons aussi que beaucoup de femmes n'ont pas systématiquement un orgasme à chaque relation sexuelle ; ce n'est pas pour autant qu'elles sont frigides ou anhédoniques ! Si cela peut s'avérer très frustrant pour certaines, d'autres se satisfont d'avoir du plaisir sans orgasme. C'est pour elles un moyen d'obtenir du plaisir physique par l'excitation sexuelle et de se rapprocher de leur partenaire.
Par ailleurs, au sein du couple, la communication est essentielle ! Il est important d'informer son ou sa partenaire de sa difficulté à obtenir un orgasme, en particulier si l'autre a tendance à jouir en premier. La relation sexuelle peut dans ce cas se terminer par une stimulation de la femme afin qu'elle puisse jouir également, de la manière la plus efficace pour elle (stimulation clitoridienne, par exemple). Dans le cas où l'anorgasmie est totale, il est également souhaitable d'en parler afin qu'une solution puisse être trouvée ensemble.
Enfin, si vous pensez avoir besoin d'un suivi ou de conseils ou si vous pensez que le problème a des causes plus profondes, n'hésitez pas à faire appel à un professionnel.
Consulter un sexologue, un psychologue ou un psychanalyste aide à mieux se connaître et par conséquent à se sentir mieux avec soi-même, son corps, ses fantasmes et sa sexualité en général.
LANGIS, Pierre et Bernard GERMAIN (2010), La sexualité humaine, De Boeck & Larcier, Bruxelles.
LOPÈS, Patrice et François-Xavier POUDAT (2007), Manuel de sexologie, Masson, Paris.
FERROUL, Yves (2014), "L'orgasme vaginal n'existe pas ? Il y a 1001 chemins pour atteindre le plaisir féminin", en ligne : <http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1249132-vaginal-anal-clitoridien-l-orgasme-feminin-un-plaisir-accessible-de-1001-facons.html>.
WIKIPEDIA, "Anorgasmia", en ligne : <https://en.wikipedia.org/wiki/Anorgasmia>.