Dans ce cadre d’abandon au sens propre, beaucoup de questions et sentiments jailliront dans l’esprit de l’enfant tels qu’un sentiment d’injustice d’avoir été abandonné, un sentiment d’insécurité permanent « on m’a déjà abandonné une fois pourquoi pas encore une autre… » Le sentiment de ne pas être aimable « si même mes parents biologiques n’ont pas su ou voulu m’aimer, qui le pourra? ».
Un sentiment de culpabilité face à un sentiment d’incompréhension de devoir être reconnaissant d’avoir été adopté alors qu’à l’intérieur on ressent une grande souffrance d’avoir été adopté.
Une recherche permanente à des questions comme « j’ai dû faire quelque chose de mal pour qu’ils m’abandonnent », « si j’avais été un beau bébé, gentil(le) ils ne m’auraient sûrement pas abandonné », « peut-être qu’ils me laissent là et que bientôt ils viendront me rechercher… ».
Cette attente souvent inconsciente, empreinte d’une profonde tristesse, pleine d’espoir et de croyance qu’en effet, un jour, les parents biologiques se rendront compte combien leur enfant précédemment abandonné leur manque, combien ils regrettent leur geste, qu’ils demanderont pardon et viendront rechercher leur enfant peut s’exprimer sous forme d’un repli sur soi, d’une dépression latente, de colère, angoisse, etc.
Parfois ce geste salvateur arrive: après de longues recherches, les parents biologiques peuvent être retrouvés par leur enfant, ou vice et versa. Quand ce geste n’arrive pas et qu’il est surtout synonyme d’une intense et permanente souffrance, consulter pourra être le geste salvateur et libérateur qui permettra de mettre des mots sur ce qu’on ressent, de comprendre d’où vient cette profonde tristesse, mélancolie, colère… de retrouver son histoire, sa propre histoire, d’accepter les faits, de pouvoir réellement vivre sa vie et arriver à tourner ce drame en une opportunité de vivre dans d’autres conditions, près de d’autres gens, un autre pays, une autre culture…
Parfois, être adopté peut avoir été pire que de ne pas avoir été adopté. Cela doit être le cas pour les enfants adoptés, déjà victimes d’être orphelins, qui pourront être aussi victimes d’abus sexuels, de maltraitance et de toutes sortes de violence de la part de leur parent adoptant. Il sera bien plus difficile voire impossible de voir dans ce parcours un bienfait plutôt qu’un calvaire, une punition divine ou autre…