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Dossier Handicap

Par Sophie Rypens, psychologue et Alexander Nicholls, psychanalyste.
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Psychanalyse et handicap moteur acquis

La personnalité se construit comme un cristal; sa construction n’est pas due au hasard.

Les structures de personnalité selon la psychanalyse

Selon la perspective psychanalytique, il existe plusieurs structures de personnalité que l’on peut dire stables, organisées, au sortir de l’adolescence et dans lesquelles un sujet peut fonctionner « normalement ».  
 
Dans la structure névrotique, la plus répandue, ce qui prime est le Surmoi, c’est-à-dire la conscience morale, qui est en conflit avec les pulsions. La nature de l’angoisse est la castration : la peur d’être puni pour ses désirs inconscients. Sa relation à l’autre est dite génitale ou sexuée.  
 
La structure psychotique est, quant à elle, dominée par les pulsions. Il y a conflit avec la réalité qui est rapidement niée. La nature de l’angoisse est le morcellement. Sa relation à l’autre est fusionnelle.  
 
Dans l’état limite, ce qui prime est l’Idéal du Moi, c’est-à-dire le modèle auquel il cherche à se conformer. Les pulsions et la réalité sont en conflit avec cet idéal. La nature de son angoisse est la peur de perdre. La relation à l’autre est basée sur la dépendance.  
 
Selon Freud (1932), si nous laissons tomber à terre un bloc de minéral sous forme cristallisée, il ne se brisera pas d'une façon quelconque mais selon les lignes de clivage préétablies à l’état d’équilibre, selon leurs limites, leurs directions, leurs angulations. Des lignes de clivage qui, jusque là, étaient invisibles.  
 
La décompensation est comparable à la chute de ce cristal. Elle se fait différemment selon la structure de la personnalité, selon l’histoire du sujet, ses blessures antérieures.  
 
La survenue du handicap, que ce soit au niveau du choc psychologique ou de la dépendance physique qui en découle, sera vécue différemment selon la personnalité du patient. L’angoisse de castration est réactivée chez le névrosé tandis que le psychotique, déjà plus enclin à l’angoisse, vit très mal la présence du matériel de synthèse en tant que corps étranger. Les difficultés relationnelles de l’état limite se situent, quant à elles, au niveau de la dépendance ; elles seront exacerbées par la présence du handicap.

Corps et handicap

Selon Lacan, contrairement à l’animal, l’Homme n’est pas son corps : il a un corps. Celui-ci lui est décerné par le langage, qui sépare le sujet de son corps et en fait quelque chose d’extérieur à lui. L’être humain habite son corps sans s’y identifier tout à fait. Pourtant, dès l'âge de six mois, le petit humain est capable de percevoir son image ; c’est ce que Lacan appelle le « stade du miroir ». Jusque là, il se « sentait » exister et à présent il découvre une image à laquelle il doit s'identifier ; il se voit enfin comme un tout non morcelé, mais un tout limité. Pour lui, l'image est source d'inquiétude, il se voit et se « voit voir ». Cette image est-elle bien la sienne ? Il ne s’y reconnaît pas tout à fait… Un sentiment d'«inquiétante étrangeté» qui se répète lorsque, adulte, nous sommes confrontés à notre visage sur une photo.  
 
Pour Patrick De Neuter (1995) il est indispensable, pour élaborer une théorie du corps, de prendre en considération les trois registres de l’humain décrits par Lacan, à savoir le Réel, l’Imaginaire et le Symbolique. Le corps réel est celui qui vient faire échec à nos désirs, qui entame la toute-puissance de nos pensées. Dans le cas du handicap moteur acquis, il y a une perte, parfois irrémédiable, souligne Coopman (2008) ; « la confrontation à cette perte dans ce qu’elle a d’inexorable peut amener le patient au plus proche d’un éprouvé de destruction et d’anéantissement de soi », poursuit-elle. Le réel de ce corps modifié est alors souvent oublié au profit de ses dimensions symbolique et imaginaire.  
 
Françoise Dolto (1984), quant à elle, distingue le «schéma corporel» de l’«image du corps». Le premier est le vécu du corps dans l’espace, dans le monde physique, structuré par l’apprentissage et l’expérience. Le schéma corporel, poursuit Ghada-Rita Aoun, dépend de l’intégrité de l’organisme ou des lésions éventuelles, dans le cas du handicap. L’image du corps est liée au sujet et à son histoire et se construit dans le rapport langagier à autrui. Elle est donc relationnelle et comporte une dimension symbolique.  
 
Selon Colette Assouly-Piquet, citée par Aoun, dans la confrontation au handicap « tout se passe comme si l’autre, à la fois familier et étranger, avait le pouvoir de nous renvoyer une image déformée de nous-mêmes jusqu’à détruire le sentiment intime de notre identité… » 
Le regard se porte sur la mutilation, la difformité, le fauteuil roulant... avant de se détourner. Le handicap apparaît comme un stigmate qui fait obstacle à la rencontre. 
 
Dans le cas du handicap acquis, la personne prend pleinement conscience du regard de l’autre lors des premières sorties. Celui-ci est fuyant, curieux, empreint de pitié, effrayé, gêné. Le comportement est inapproprié, allant de l’évitement aux questions indiscrètes, passant par l’aide intempestive et l’infantilisation. Il s’agit donc, pour la personne handicapée, d’être capable de se réapproprier cette image, voire même de se valoriser malgré ces regards ou absence de regards. Le vêtement devient une deuxième peau qui permet de camoufler les cicatrices ou les jambes atrophiées, de cacher les blessures narcissiques. Les séquelles deviennent les tatouages du passé ; intégrer ces éléments, c’est aussi faire le travail symbolique du deuil (Soulier, 2001).

Se recontruire avec le handicap

L’arrivée du handicap crée un point de rupture, introduit une discontinuité ; les repères dans le temps se font sur le mode « avant/après ». Coopman reprend la notion d’« entre-deux » de Sibony (1991), soit un changement, un déplacement qui empêche « de s’identifier avec la place où l’on naît, et celle où l’on était ». Lors de son séjour au centre de revalidation, le patient se retrouve dans un entre-deux qui sépare une vie passée de personne valide et une vie future qui sera marquée par le handicap (Coopman, 2008). 
 
Traverser l’entre-deux implique de se confronter au réel… Le réel de la perte, de son nouveau corps, de sa nouvelle image.  
 
Il s’agit aussi de se (re)trouver une place. En effet, être touché dans son corps de manière irrémédiable remet en question plusieurs piliers de l’identité tels que le statut social, le travail, la sexualité… Le patient apprend à se reconnaître dans ce nouveau corps, à inscrire le handicap dans son histoire et à remanier ses valeurs et projets de vie (Coopman et Rypens, 2006). On peut parler d’un véritable remaniement identitaire.
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Bibliographie
- RYPENS, Sophie (29/01/2000), « Quand on ne marche plus » ou réflexions sur les aspects psychologiques de la marche. Communication présentée au Symposium Réadaptation et marche, Groupement pour la promotion de la réadaptation à l’ULB, Bruxelles.
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